Parole d’entrepreneure : Isabelle Le Bouëtté, fondatrice et dirigeante de Ma vie en Mieux

Parole d’entrepreneure : Isabelle Le Bouëtté, fondatrice et dirigeante de Ma vie en Mieux

Quel est votre métier ?

Je suis consultante généraliste depuis ma sortie de l’Essec. J’ai d’abord été salariée pendant 10 ans, puis, en 2010, j’ai monté ma propre structure, Ma Vie en Mieux, en continuant à exercer mon rôle de consultante, mais en y ajoutant d’autres métiers d’accompagnement avec des coachs et des psychologues. Notre conviction chez Ma Vie en Mieux, c’est que nous avons tous à gagner à ce que les salariés, qu’ils soient managers ou collaborateurs, soient mieux dans leur vie et dans leur travail. Et pour cela, nous avons à notre disposition un ensemble de dispositifs innovants et pragmatiques pour aider nos clients et leurs équipes à retrouver sens, motivation et engagement.

Mon métier a donc évolué vers un rôle d’assembleur : ma casquette de consultante m’aide à comprendre les problématiques clients, mais la réponse que je leur apporte ne se limite pas à du conseil. Cela peut être par exemple un outil digital, un accompagnement individuel ou collectif.

 

Comment êtes-vous devenue entrepreneure ?

Je ne me projetais pas du tout dans l’entreprenariat ! Je suis devenue entrepreneure un peu par la force des choses : avec un bébé qui ne dormait pas, je me suis retrouvée en limite de burnout dans mon job précédent. Je me suis alors demandé quoi faire : aller dans un autre cabinet de conseil ? Il n’y avait pas de raison que ce soit différent ailleurs. J’ai recherché un poste plus opérationnel, avec moins de déplacements et une charge de travail plus raisonnable, mais je n’ai rien trouvé qui me plaisait.

Le choix que j’ai fait, un peu par défaut mais qui m’a finalement très bien convenu, a été de créer mon propre projet.

J’ai eu envie de proposer aux clients des choses qui me semblaient manquer dans l’offre des cabinets de conseil, notamment la capacité à accompagner des individus dans une vie d’entreprise. Et de m’appuyer pour cela sur des savoir-faire différents, comme celui des coachs ou des psychologues ou des innovations des start-up digitales. D’où ce rôle d’assembleur que j’évoquais plus haut, qui ouvre le champ des possibles sur les solutions apportées. Cette approche, complémentaire du conseil « classique » a beaucoup plus d’impact me semble-t-il. Les clients qui font appel à Ma Vie en Mieux sont généralement déjà au clair sur le constat (nécessité d’accroître la sérénité et la motivation des collaborateurs) mais sont à la recherche du « comment ». C’est là-dessus que nous arrivons avec notre expertise et des ressources.

 

 Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans le fait d’être entrepreneure ?

La liberté ! A commencer par la liberté d’organisation entre vie professionnelle et vie personnelle. J’adore aussi la capacité à imaginer quelque chose, à le faire et à le tester, là, comme ça, juste parce qu’on le décide.

Une autre chose très agréable et confortable au fur et à mesure vient du fait qu’avec le temps, on se constitue un réseau de pairs, de partenaires, qui fait qu’on a tous les bons contacts pour faire en sorte qu’une idée devienne rapidement réalité.

 

Quelles sont les difficultés principales auxquelles vous avez à faire face ?

Il y a deux moments difficiles, pour moi, dans la vie d’un entrepreneur.

  • Il y a, tout d’abord, la phase de démarrage qui correspond au temps nécessaire pour se constituer un portefeuille clients et pour évangéliser, surtout lorsqu’on a une offre innovante, comme c’était mon cas à l’époque. Durant cette phase, la difficulté principale consiste à savoir si on va gagner de l’argent à la fin du mois. Je conseille souvent aux personnes qui se lancent de se demander combien de temps elles peuvent tenir en ne gagnant rien du tout. Quitte, le cas échéant, à avoir une activité « alimentaire » à côté pour s’assurer un confort et une liberté d’esprit qui sont très importants dans cette période de lancement.
  • Une fois cette phase d’amorçage passée, une fois que le portefeuille client et d’activité a été constitué, la difficulté principale, à mon sens, c’est le yo-yo de l’activité sur la partie conseil car le conseil, ça va, ça vient… Et en 2020, ça a plutôt tendance à s’en aller ! Ces aléas sont émotionnellement difficiles à vivre. La clé est de contrebalancer au maximum avec des activités récurrentes et pérennes.

 

Quelle est votre stratégie ?

J’ai deux pôles d’activité au sein de Ma Vie en Mieux : le conseil et les « Packs », qui correspondent à des formules d’accompagnement packagées, des accompagnements courts, par téléphone, par un coach certifié ou un psychologue clinicien choisi par le collaborateur parmi quatre profils proposés. Ces Packs correspondent à une approche plus « produit » et sont vecteur de récurrence. Aussi, j’ai toujours cherché à équilibrer ces deux activités, et je suis arrivée à 50/50 en 2021, ce qui me réjouit.

À ce jour, après 12 ans d’existence, je ne fais pas de prospection sur la partie conseil ; ma stratégie principale est de développer l’activité Packs, avec le lancement notamment il y a quelques mois d’un petit nouveau dédié aux managers, le Pack « Ma Vie d’Equipe en Mieux ». Pour ce faire, et toujours dans cette logique d’assembleur, je me rapproche de plus en plus de partenaires qui ont des activités complémentaires et qui travaillent sur cet environnement de qualité de vie au travail (Wittyfit, Adsoom, Yogist). Je développe également des partenariats avec des cabinets de conseil qui ont envie de développer des solutions innovantes par rapport aux transformations et à l’accompagnement du changement. L’idée est vraiment de proposer les Packs Ma Vie en Mieux, non pas comme une brique isolée, mais comme une partie d’un dispositif plus complet.

 

Quelle est la place de la communication dans cette stratégie. A-t-elle évolué avec le temps ?

J’ai investi dans la communication institutionnelle au départ pour asseoir ma crédibilité et ma notoriété, à travers notamment des opérations presse. Aujourd’hui, je ne mets plus de budget dans la communication de notoriété car Ma vie en Mieux continue à se développer sur son ADN de départ et je n’ai donc pas besoin de faire évoluer son image. Les articles que j’ai pu avoir à l’époque sont toujours d’actualité et me servent toujours lorsque je contacte des prospects.

Pour moi, la communication est un levier commercial et je concentre désormais tous mes efforts de communication dans cette optique : je passe du temps à soigner mes messages de prospection, à faire en sorte qu’ils passent bien, que mon positionnement premium soit bien perçu.

Mon objectif pour 2022 ? Être plus structurée en termes de communication, car 2020 et 2021 ont cruellement manqué de proactivité. Comme beaucoup d’entrepreneurs, j’ai eu l’impression de naviguer à vue pour faire face à cette crise sanitaire. J’ai envie, et besoin, de reprendre la barre pour continuer à mettre la communication au service du développement commercial, notamment par rapport à la stratégie de développement des Packs. La communication va donc être un chantier en soi, en reprenant une communication « one to few », comme j’ai l’habitude de la faire, à travers par exemple des conférences, des webinaires, des petits-déjeuners, en utilisant plus largement Linkedin pour contacter des prospects.

 

Si vous deviez donner un conseil à quelqu’un qui veut se lancer, quel serait-il ?

Si on entreprend dans un domaine qui n’est pas dans la continuité de ce qu’on a fait avant, le maître mot doit être « test and learn ». Il faut d’abord tester son idée et réfléchir à la manière de la tester à moindre coût. Et si ça fonctionne et qu’il y a un marché à prendre, alors il faut se poser la question d’investir et mettre des moyens dessus. C’est d’autant plus vrai pour un produit innovant comme les Packs Ma Vie en Mieux. Mon conseil serait donc : « comment je peux tester à moindre coût ce que j’ai en tête ? ».

 

Quel est votre meilleur souvenir d’entrepreneure ?

J’en ai deux qui sont liés à mes clients. Je pense notamment à Thales qui a bien voulu témoigner pour nous dans les Échos sur une pleine page ; c’est une très belle reconnaissance qui montre la fierté de ce client à partager ce que nous avons mis en place.

Un autre de mes gros clients dans l’aéronautique qui m’a dit un jour : « Surtout Isabelle, restez toujours vous-même et poursuivez Ma vie en Mieux avec votre offre et votre positionnement, ne lâchez pas ».

En cette période Covid, j’ai également eu plusieurs personnes qui m’ont dit « Merci d’être là ». Des mots simples qui font du bien, qui expriment tout le sens de ce que j’ai voulu créer.

 

Quelle est, pour vous, la valeur ajoutée de Ma Vie en Mieux ?

Je n’ai pas fait le choix d’avoir une équipe classique de salariés mais plutôt de travailler en réseau. Ce qui fait la valeur de Ma Vie en Mieux, c’est la valeur de ce réseau de partenaires. La partie Packs n’a jamais eu vocation à être internalisée car cela ne fait pas de sens par rapport aux métiers de coach ou de psychologue. Sur la partie conseil, nous avons des demandes trop variées pour pouvoir internaliser des profils spécifiques car pour avoir en interne certaines ressources, il faut leur sécuriser un volume d’activité.

Ce fonctionnement me permet d’aller chercher les meilleures ressources sur chaque projet. Les clients me font confiance sur le choix des intervenants, qu’ils soient coachs, psychologues ou consultants.

La bonne nouvelle, c’est que les indépendants qui cherchent à travailler partiellement pour des projets qu’on peut leur amener sont de plus en plus nombreux, ce qui me simplifie grandement la tâche !

 

Comment vous projetez-vous dans votre avenir d’entrepreneure ?

Après la phase de lancement puis la phase de développement de l’entreprise, je crois que la vie d’entrepreneur comporte une troisième phase consacrée à la réflexion sur l’après. Dès lors que l’on vit de son activité, que veut-on pour la suite ? Rester entrepreneure dans la durée et dans le même business jusqu’à la retraite ? Ou revendre son entreprise à un moment donné ? Ou encore rejoindre une plus grosse structure pour changer de dimension ?

Mon projet initial d’entrepreneuriat était très lié à ma vie personnelle et avec mes enfants qui grandissent, je me dis que j’aurais peut-être d’autres idées à développer, qu’il y aura peut-être un après Ma Vie en Mieux, ou un à côté de Ma Vie en Mieux.

Je crois que cela ne s’improvise pas et qu’il vaut mieux y réfléchir le plus tôt possible pour rester maître de ses choix.

 

Nous remercions Isabelle Le Bouëtté, de nous avoir accordé cette interview. Vous pouvez la suivre et échanger avec elle sur son profil Linkedin.